(L’article ci-dessous constitue une transcription de la vidéo ci-dessus.)
Vous envisagez une reconversion professionnelle ? Voici quatre piliers pour vous permettre de choisir puis de préparer une reconversion professionnelle réussie et qui correspond à ce dont vous avez vraiment envie.
Je suis Samuel Pilot, ingénieur, ancien consultant, je me suis reconverti dans le métier de chef de chœur, que j’ai appris notamment au Conservatoire d’Amsterdam. Coach, j’ai également accompagné des dizaines de personnes dans leur choix d’une reconversion ou d’un changement professionnel.
Avant de vous présenter les quatre piliers d’une reconversion professionnelle réussie, je tiens absolument à vous éviter trois erreurs courantes dans les reconversions.

1ère erreur : croire que vous avez une voie, une passion, une vocation à trouver

Oui, certaines personnes ont une vocation. Ou du moins, elles consacrent une grande partie de leur temps à un art, à un métier ou à une cause. Et elles ont l’air tout à fait satisfaites. En voyant ces personnes, vous avez peut-être envie de trouver, enfin, ce métier qui animera la flamme de votre passion, qui vous donnera l’énergie de soulever des montagnes, qui vous portera au sommet…
Certes, une reconversion pourra vous satisfaire sur certains aspects. Mais elle ne va pas régler tous vos problèmes.
Une des personnes que j’ai accompagné a débuté des études à l’École des *** de Paris. Elle a adoré ses études. Simplement, elle s’est rendue compte qu’elle est plus lente que la moyenne pour servir en boutique. Elle a du mal à vivre les réactions impatientes de certains de ses clients.
Aux dernières nouvelles, elle envisageait d’arrêter ce métier, qui présentait trop d’inconvénients pour elle.
Mon message ici n’est pas de dire que son année d’études était une erreur. D’abord, elle était au chômage. Elle a pu se prouver qu’elle était capable d’intégrer la meilleure école de *** de France. Elle a beaucoup appris, également sur elle, pendant ses études. Et, pendant ses études, elle touchait un salaire d’apprenti.
Simplement, si vous envisagez pour votre reconversion un important investissement financier, un déménagement ou des études sur une durée très longue, il paraît très important que vous ayez en tête ce que vous attendez de cette reconversion, et que vous en connaissiez les inconvénients, et que vous sachiez si vous êtes prêt à les accepter, ou pas.
Lorsque vous aurez identifié vos attentes, vous trouverez peut-être des ajustements plus simples à mettre en place, et qui nourrissent tout autant ces attentes, comme par exemple, l’ajustement des tâches que vous réalisez dans votre job actuel vers des tâches plus nourrissantes pour vous, ou le fait de postuler et d’être embauché chez un employeur dont la culture correspond davantage à vos valeurs.

2ème erreur : vous lancer du jour au lendemain, sans préparation

2ème erreur : vous lancer du jour au lendemain, sans préparation, en vous disant : « Au moins j’aurais essayé, je n’aurai pas de regrets. »
Entendons-nous bien, le souhait d’essayer et de ne rien regretter, me paraît tout à fait légitime. Beaucoup de personnes regrettent à la fin de leur vie, de ne pas s’être autorisé à être heureuse, et de ne pas avoir donné ce qu’elles pouvaient pour aller au bout de leur rêve.
Simplement, l’argument : « Je n’aurai pas de regrets » ne doit pas servir d’excuse pour ne pas effectuer ce travail qui est, certes, chronophage et énergivore, d’aller voir sur le terrain à quoi ressemble concrètement le métier vers lequel vous voulez vous reconvertir, et de vous poser les questions, avec courage, de : « Qu’est-ce que j’attends de cette reconversion ? » et « Est-ce que je n’aurai pas d’autres moyens de l’obtenir ? »

3ème erreur : ne pas examiner les aspects financiers

Troisième erreur, se reconvertir sans avoir examiné les aspects financiers.
J’ai commis cette erreur.
Je me suis dit : « J’ai 30,000 euros en banque. » Ça me permet de vivre un an. Je me lance dans la musique pendant six mois et si je n’arrive pas à me financer, je reviendrai dans le métier du conseil.
J’ai quitté mon employeur précédent.
J’ai longtemps eu très peur de ne pas trouver le moyen de me financer, alors même que mon emploi précédent aurait probablement accepté de me passer à trois cinquièmes, ce qui aurait suffi à dégager suffisamment de temps pour commencer des études de musique.
Maintenant que vous avez connaissance de trois erreurs fréquentes dans le cadre d’une reconversion professionnelle, voici quatre piliers pour choisir, puis préparer une reconversion professionnelle réussie et, surtout, qui corresponde à vos attentes.

1er pilier : faire confiance à ses émotions, à son intuition et à sa raison

Le premier pilier, c’est de faire confiance à la fois à ses émotions, à son intuition et à sa raison, et de les utiliser chacune à leur place.
J’entends souvent parler de décisions rationnelles. Beaucoup de personnes pensent qu’une bonne décision se prend en mettant de côté ses émotions.
Dans les dernières décennies, les neurosciences, et notamment le neuroscientifique Antonio Damasio, ont démontré que ce n’est pas possible.
Dans son établissement, certains patients dits de type « Elliot » ont une lésion du cortex préfrontal. Ces patients ont gardé l’intégralité de leurs connaissances, sont tout à fait capables de raisonner. En revanche, ils sont incapables de moduler leur raisonnement en fonction de leurs émotions.
En conséquence, ces patients tournent en rond. Ils ne parviennent pas à prendre de décision, et pire que ça, ils perdent l’énergie vitale, le drive, la volonté que permettent les émotions.
Qu’est-ce qui va m’aider à me décider, entre, rester dans le conseil et me lancer dans le théâtre ? Le conseil m’apporte une situation stable, une certaine stimulation intellectuelle. Le théâtre, lui, me passionne et m’offre des perspectives financières plus limitées, plus aléatoires. Y a t-il un critère objectif qui permette de décider entre une situation financière stable et le fait de m’adonner à ma passion ? Non, objectivement, il y en a aucun.
Je vais aller plus loin, peut-être de façon un peu provocatrice.
Si vous pensez que vous prenez des décisions de façon purement rationnelle, de deux choses l’une.
Soit vous êtes un patient de type Elliot qui s’ignore. (Ce qui me surprendrait beaucoup.)
Soit vous prenez des décisions de façon rationnelle en vous fondant sur des critères qui ont été sélectionnés de manière émotionnelle sans que vous en ayez conscience.
Si vous lisez cet article, c’est peut-être que vous avez senti que quelque chose ne va pas dans votre orientation professionnelle actuelle. Votre intuition et votre curiosité vous ont poussé à le lire et vous avez eu le courage de le suivre.
1) Vous devez apprendre à faire confiance à vos émotions.
Vos émotions confortables vous indiquent des besoins qui sont nourris. Vos émotions inconfortables vous indiquent des besoins qui ne sont pas encore suffisamment nourris et vous poussent à trouver des pistes d’action et à les mettre en œuvre, pour nourrir ces besoins.
Ces émotions se manifestent dans votre corps. Le bonheur, par exemple, peut vous ouvrir la poitrine. La tristesse peut faire couler des larmes. L’angoisse peut vous faire sentir la boule au ventre.
2) Vous devez faire confiance à votre intuition, et notamment votre curiosité qui vous indiquent des pistes professionnelles qui peuvent être pertinentes à explorer.
3) Vous devez utiliser votre raison pour ce qu’elle sait très bien faire, c’est-à-dire identifier des obstacles, identifier des moyens de les contourner, planifier votre exploration et planifier ensuite votre reconversion.
Vraiment, faites confiance à la fois à votre intuition, à vos émotions et à votre raison. C’est important dans le cadre du choix d’une prochaine étape professionnelle, et de façon générale, dans votre vie.

2nd pilier : identifier ses envies profondes

Nous arrivons au second pilier, identifier ses envies profondes.
Fort d’une meilleure écoute, de votre intuition de vos émotions, vous allez maintenant pouvoir identifier vos envies profondes, que je classe en six catégories :
  • Vos talents actuels
  • Vos valeurs
  • Vos projets
  • Vos sources de joie
  • Vos besoins
  • L’environnement qui vous nourrit

Je vous invite à prendre une feuille et à faire une liste, pour chacun de ce type d’envies profondes, de ce qui vous correspond.

Prenez la liste des projets que vous avez rédigés à l’étape précédente.
Parmi ces projets, choisissez en 1 à 4, qui vont être prioritaires pour vous.
Décrivez-les chacun sur une feuille séparée.
À cette étape, il est crucial de bien définir et de bien séparer chacun des projets, parce que c’est ça qui va vous permettre ensuite, de faire un choix entre plusieurs options bien définies.
Décrivez donc bien en détail chacun des projets. Que feriez-vous ? Avec qui ? Comment serait constitué votre emploi du temps ? Quelles seraient vos ressources financières ? Dans quel lieu géographique est-ce que vous l’effectueriez ?
Rédigez ensuite les peurs que vous pouvez ressentir vis-à-vis de chacun des projets.
Écrivez-les de façon très précise, écrivez, quel est l’événement dont vous avez peur.
Vous allez voir qu’en faisant cela, une bonne partie des peurs que vous avez vont disparaître d’elles-mêmes.
Par exemple, avant de commencer des études en musique, j’avais une vague peur de quitter Paris. J’avais peur de ne pas gagner suffisamment d’argent et de devoir habiter en banlieue.
En mettant cette peur par écrit, je me suis aperçu que je pouvais probablement aller habiter chez mes grands-parents en proche banlieue. Et que le fait de ne plus être dans Paris n’était pas si problématique que ça, dans la mesure où je m’apprêtais à passer mes journées à faire quelque chose que j’adore.
Pour vous donner les informations qui peuvent vous manquer sur tel ou tel de vos projets professionnels, sollicitez ensuite des personnes qui exercent le métier que vous vous voyez exercer par la suite.  Idéalement, allez les voir, restez avec elles pendant une demi-journée ou une journée.
Faites une immersion, voire lancez-vous dans une formation de courte durée sur le sujet qui vous intéresse. Cela vous aidera grandement à voir si le métier que vous envisagez correspond vraiment à vos envies.
Bien sûr, vous n’arriverez pas à obtenir 100 % de l’information que vous souhaiteriez obtenir pour décider d’une prochaine étape professionnelle. Simplement, vous allez obtenir suffisamment d’informations pour écarter certaines des pistes et pour choisir la piste, éventuellement, les pistes, pour les personnes qui envisagent d’exercer plusieurs métiers, la ou les pistes qui vous correspondent le plus.

4ème pilier : décrire la vie que vous souhaitez et établir un plan d’actions pour y arriver 

Étape numéro 4, décrire la vie que vous souhaitez et établir un plan d’action pour y arriver.
Une fois que vous avez suffisamment exploré les différentes pistes, pour pouvoir faire un choix parmi celles-ci, décrivez la vie que vous souhaitez vivre par exemple, à l’horizon cinq ans. Où habitez-vous ? Combien de temps consacrez-vous à chacun de vos domaines de vie ? Combien de temps consacrez-vous au sein de votre travail, à chacune des principales tâches que vous envisagez d’effectuer ? Quelles sont vos principales rentrées financières ? Quelles sont vos dépenses ?
Il est primordial d’avoir une vision claire sur chacun de ces aspects, et surtout, que cette vision vous enthousiasme, vous donne de l’énergie.
Ça vous permettra notamment d’éviter une autre erreur fréquente, dans les reconversions professionnelles, qui consiste à se lancer dans des études, parce qu’on a envie de se lancer dans des études, plutôt que pour le quotidien concret du métier qu’on y apprend.
J’ai personnellement commis cette erreur.
Me lancer dans des études de musique était pour moi l’occasion de voir ce à quoi ressemble ma vie, quand je suis mon intuition, de faire une démonstration de courage, et d’apprendre des choses sur un sujet qui me passionne.
En revanche, je n’avais pas anticipé le temps qu’il faudrait pour me constituer des revenus à la hauteur de ce que je souhaite gagner. Je n’ai pas anticipé non plus le fait que je ne me sentirai pas profondément utile aux gens en tant que chef de chœur.
Les études de direction de chœur m’attiraient, et soyons clairs, la direction de chœur nourrit toujours certains de mes besoins. Simplement, avant de prendre cette décision d’étudier la direction de chœur, je ne me voyais pas, je ne me visualisais pas chef de chœur à temps plein. C’est quelque chose qui aurait dû m’alerter.
A contrario, j’ai accompagné une personne qui s’est lancée dans des études d’ingénieur pédagogique. Elle me disait qu’elle se voyait tout à fait s’asseoir à côté des professeurs et les aider à rendre le contenu de leur cours plus pédagogique et plus facilement assimilable par des étudiants. Ça m’a rassuré sur le fait que le métier d’ingénieur pédagogique allait lui correspondre réellement sur le terrain, et pas seulement pendant sa formation.
Une fois que vous avez une vision claire de la vie que vous souhaitez mener, identifiez les différentes étapes par lesquelles vous allez passer pour arriver à cette vie souhaitée. Ça peut être une formation, et dans ce cas-là, le moyen de la financer, un déménagement, les différentes étapes professionnelles qu’il vous faudra pour arriver au poste que vous visez, etc.
Lorsque vous aboutissez à une vision et un plan d’action clair, pour une ultime vérification, écoutez vos émotions.
Si vous ressentez de la peur ou de l’inquiétude, c’est qu’il reste peut-être quelques obstacles à trouver ou à contourner. Ou peut-être même que cette nouvelle orientation n’est pas pour vous.
Si, au contraire, vous ressentez de la sérénité, de la détermination, de l’énergie, alors allez-y, foncez !
Vous vous en doutez, une reconversion, c’est un projet professionnel d’ampleur.
Surtout, n’hésitez pas à vous former, à vous faire accompagner.
Que ça soit à l’étape de la définition du projet de reconversion, ou lors de son exécution.
La démarche en quatre piliers que je vous ai décrite, prend du temps, de l’énergie, du courage.
Quand on est seul, ce n’est pas toujours facile d’écouter ses émotions avec précision.
Ce n’est pas toujours facile de lister ses projets professionnels, de les prioriser, d’examiner les peurs qui y sont associées, d’examiner les croyances qui y sont associées. D’autant plus qu’on peut avoir une activité professionnelle ou familiale prenante, un environnement autour de soi qui est très jugeant.
Les personnes que j’accompagne gagnent du temps en se posant des bonnes questions et en apprenant concrètement à utiliser et écouter leurs émotions et leur intuition. Elles peuvent parler de leurs questionnements à une personne qui ne les juge pas, et qui les aide concrètement, semaine après semaine, à définir de bonnes actions pour explorer les différentes pistes professionnelles possibles et préparer leur reconversion ou leur changement.
Surtout, si vous vous lancez dans une reconversion, mon conseil, formez-vous.
Oui, ça peut paraître évident. Si vous envisagez, par exemple, de devenir médecin, évidemment, vous allez reprendre des études.
Pour des projets de type entrepreneuriaux, par exemple, certaines personnes ne sont pas à l’aise avec les aspects commerciaux, les aspects administratifs, les aspects techniques et informatiques.
Or, il existe de plus en plus de formations, dans des domaines de plus en plus pointus. On peut par exemple se former à la photographie de mariage, ou à monter une startup technologique.
Ces formations vous donneront en quelques semaines ou quelques mois, des compétences que vous auriez mis des années à acquérir sur le tas.