(L’article ci-dessous constitue une transcription de la vidéo ci-dessus.)
Peur de faire un mauvais choix, d’être jugé, informations contradictoires, difficultés à en parler sereinement à son entourage…
Le choix de se faire vacciner ou non présente de nombreuses similitudes avec celui de changer de job, voire de métier. Voyons comment, dans ces deux situations, utiliser notre peur au mieux, nous renseigner, déterminer les zones d’incertitude et prendre une décision au bon moment.
Je suis Samuel Pilot, ex-consultant reconverti chef de chœur et coach. J’ai aidé des dizaines de personnes à choisir une prochaine étape professionnelle qui leur correspond.
1) Utiliser votre peur pour vous renseigner
La peur est souvent perçue comme une émotion néfaste ; elle nous empêcherait de décider rationnellement, elle serait la preuve d’un manque de courage et j’entends même dire qu’elle serait le contraire de l’amour.
Il y a une part de vrai dans ces idées.
Elles ont aussi l’immense inconvénient de nous inviter à nous couper de nos peurs.
Or, la peur remplit une fonction qui nous est vitale. Elle nous connecte à nos sens et à nos sources d’informations. Elle nous donne l’énergie d’agir au mieux pour éviter un danger.
Je me souviens, par exemple, de l’annonce par Emmanuel Macron du premier confinement.
J’étais la tête légèrement en avant vers le poste de télévision, très attentif, à l’écoute de chaque mot et de chaque information.
Il s’agit là, d’après la chercheuse américaine Carla MacLaren, d’une manifestation saine et modérée de la peur qui n’est pas nécessairement désagréable et qui nous donne une conscience accrue de notre environnement pour pouvoir en tirer toutes les informations dont nous avons besoin.
La peur du virus, comme la peur du vaccin, sont des manifestations émotionnelles légitimes qui nous invitent à nous renseigner pour pouvoir prendre une décision aussi éclairée que possible au vu des données disponibles.
De même, si vous avez peur d’effectuer un changement au niveau professionnel, c’est probablement en partie parce que vous ne disposez pas de suffisamment d’informations sur cette nouvelle étape.
Ecoutez votre peur, listez les questions que vous vous posez, puis documentez-vous et rencontrez des professionnels du secteur.
2) Renseignez-vous auprès de personnes qualifiées
Les sujets liés au coronavirus sont suffisamment complexes pour ne pouvoir être vraiment bien compris que par des spécialistes. Par spécialiste, j’entends, non pas seulement un médecin, mais bien un épidémiologue ou un virologue.
Faisons un parallèle.
J’ai une formation de chef de chœur et donc j’ai un avis plus éclairé que la moyenne sur la façon de diriger des chanteurs.
En revanche, je n’ai pas été formé à la direction d’orchestre.
Il y a bel et bien une différence entre direction de chœur et direction d’orchestre.
J’ai travaillé ma voix. Je sais ce que je peux attendre d’un chanteur.
En revanche, je n’ai jamais fait de violon et donc mon avis sur le son que devraient produire des instrumentistes à cordes dans l’ouverture de « La Flûte enchantée » de Mozart, par exemple, n’est probablement pas l’avis le plus pertinent.
Oui, je suis musicien, je peux tenter de me faire une opinion. Elle sera sûrement plus éclairée que celle d’un avocat, par exemple.
Simplement, elle restera moins pertinente que celle d’une étudiante en direction d’orchestre, qui sera elle-même probablement moins pertinente que celle de Laurence Equilbey ou de Raphaël Pichon, deux grands chefs d’orchestre français.
Si vous envisagez une reconversion vers, par exemple, menuisier, consultant en stratégie ou entrepreneur, il est probable que beaucoup de personnes de votre entourage vous feront part de leur avis sur le métier de menuisier, de consultant en stratégie ou d’entrepreneur, métier qu’elles n’ont jamais exercé elles-mêmes. Et donc, leur avis s’avèrera probablement non pertinent.
Prenez le temps de discuter avec des professionnels du secteur ou du métier que vous visez.
Que faire alors lorsque les personnes qualifiées elles-mêmes disent des choses en apparence contradictoires ?
C’est souvent le cas au sujet de la pandémie, sujet de recherche encore frais, encore instable, et ça pourrait être le cas concernant votre projet professionnel.
Dans un cas comme dans l’autre, je vous suggère de tenter de comprendre leur point de vue dans le détail et de garder ce qui vous paraît pertinent et utile à votre cas.
Le mode de décision opposé, que je ne recommande pas, consisterait à prendre une décision sous la pression d’injonctions telles que : « Ne soyez pas un mouton » ou « Suivez votre passion » ou : « Restez en CDI, c’est plus sûr. », même si ces injonctions sont émises par des spécialistes.
Autre façon (que je ne recommande pas) de procéder : on pourrait être tenté de suivre le conseil de telle personne parce qu’on a confiance en elle ou parce qu’on a davantage confiance en elle qu’en les autres.
Le risque serait de se défausser de sa responsabilité et de prendre une décision en accord avec nos réelles envies.
J’entends également certaines personnes, à qui l’obligation vaccinale donne envie de ne pas se faire vacciner.
À moins d’avoir authentiquement envie de mettre leur santé dans la balance d’une action militante en faveur des libertés, ces personnes réagissent aux paroles et décisions gouvernementales et législatives.
Cette réaction a beau aller en sens inverse de l’intention de l’exécutif, elle n’en est pas moins influencée par celui-ci. Elle n’est donc pas réellement libre.
De même, si votre entourage vous poussait vers un métier qui vous correspond, il serait dommage de ne pas y aller par pur esprit de contradiction.
3) Mesurer puis accepter l’incertitude
La vaccination via la technologie à ARN messager présente à ce jour des incertitudes.
Vous ne disposez donc peut-être pas à ce jour de l’ensemble des données que vous souhaiteriez avoir.
Il va donc s’agir pour vous de décider dans une situation d’incertitude ou bien d’attendre.
Nous verrons par la suite ce que cette attente implique.
Si l’on fait confiance aux données globalement relayées par les autorités sanitaires et par les grands médias d’information, le vaccin a des effets secondaires à court terme.
Ils sont très rarement graves et la technologie ARNm a été testée depuis des années sur des petits groupes de personnes.
Aucune étude n’a porté sur des groupes larges et sur une longue période temporelle.
Il est donc effectivement pas possible d’exclure entièrement des effets à long terme. La probabilité me paraît faible.
Dans l’autre plateau de la balance, une infection par la Covid et des effets secondaires qui sont plus fréquents, qui peuvent se prolonger durant des mois, notamment en ce qui concerne les séquelles d’un passage en réanimation, et la contagiosité du variant Delta est telle qu’il me paraît peu probable d’y échapper si on vit régulièrement dans des situations sociales.
Je suis personnellement en contact fréquent avec mes parents, et avec une personne à comorbidité, et je compte bien reprendre en septembre mon activité de chef de chœur. Aussi, me faire vacciner me semble bien moins risqué pour moi, comme pour mon entourage, que de ne pas me faire vacciner.
Pour décider de votre prochaine étape professionnelle, vous allez également avoir besoin de mesurer les incertitudes que vous ne pouvez pas réduire.
Par exemple:
- Quelle est la fourchette de revenus que je peux espérer si je lance un projet entrepreneurial ?
- Combien de temps est ce que je peux tenir sans rentrées d’argent ?
- Est-ce que je vais apprécier ce nouveau métier en l’exerçant tous les jours ?
- Si je n’en suis pas sûr, aurai-je une solution de repli, comme par exemple, revenir dans mon ancien métier ?
Vous pouvez par exemple établir deux scénarios :
- Le scénario du meilleur. Vous adorez votre nouvelle voie professionnelle, vos rentrées financières sont telles qu’espérées.
- Le scénario du pire : vous gagnez moins que prévu, votre enthousiasme s’estompe et vous vous dirigez vers une solution de repli.
Etablir quelles sont les bornes de la situation d’incertitude vous donnera davantage de facilité à décider dans un sens ou dans l’autre.
4) Prenez la décision au bon moment
J’écoutais hier un soignant dans l’hôpital public qui disait que les services en charge de la Covid étaient remplis de patients et de patientes, qui regrettent de ne pas s’être fait vacciner.
Mon intention ici n’est pas de prendre parti pour ou contre la vaccination, mais de montrer que l’absence de décision ou le report ultérieur d’une décision ont des conséquences au même titre qu’une décision elle-même.
Oui, se renseigner sur les vaccins et se lancer dans une démarche de choix d’une prochaine étape professionnelle prennent du temps.
Il peut être tentant de reporter le moment de s’y mettre.
Si vous souhaitez le reporter, je vous invite à vous poser cette simple question : à quel moment précis entamerez-vous la prise de décision ?
La réponse peut être une date ou bien un critère précis mesurable, tel que, par exemple : « une étude sur des personnes vaccinées depuis plus de deux ans et impliquant 1 000 personnes est publiée dans une revue à comité de relecture. »
Ou bien, autre exemple : « la petite dernière est à la crèche ou chez une nounou » ou bien encore : « mon travail ou ma mission me permettent de sortir tous les jours avant 18h30, pendant trois mois. »
Une fois ce critère déterminé, dans quel délai a-t-il des chances raisonnables d’être rempli ?
Ce délai vous convient-il ?
Est-ce que attendre au moins 18 mois la sortie d’une étude avant de vous faire vacciner, au risque d’être contaminé d’ici là, vous convient ?
Est-ce que espérer être affecté à une mission plus calme, ce qui pourrait n’arriver que dans quatre ans ou peut-être jamais, vous convient ?