(L’article ci-dessous constitue une transcription de la vidéo ci-dessus.)

  

“Je me lance et au pire, si ça marche pas, j’aurai pas de regrets.”
Quand j’entends ça, j’ai peur que la personne se décide un peu trop vite et qu’elle regrette son choix dans deux ans.

Je vais vous raconter trois histoires de personnes qui ont pris une décision de reconversion un peu trop rapide, et je vais vous donner quatre clés pour vérifier que vous avez suffisamment maturé votre décision.

Ambre, consultante en organisation devenue actrice

 Commençons avec l’histoire d’Ambre, consultante en organisation.

Une partie d’elle voulait être actrice, et une partie d’elle trouvait que c’était cliché une femme actrice.
Cette autre partie d’elle voulait prouver au monde qu’une femme peut réussir en entreprise.

En conséquence, Ambre s’interdisait de tenter de devenir actrice.
Et ça l’a rongée.
Elle n’arrivait pas dormir, elle avait des symptômes d’allergies alimentaires sans qu’aucun test n’arrive à lui détecter d’allergies.

Et puis, un jour, elle a quitté son cabinet de conseil pour vivre la vie de bohème d’une comédienne débutante.

Le fait de s’être dit : « J’essaie et je n’aurai pas de regrets, » lui a apporté beaucoup de bénéfices.
D’abord, elle a quitté un job qui menaçait clairement sa santé, ce qui n’est pas rien.
Ensuite, elle a essayé de devenir comédienne.
Effectivement, elle n’a pas de regret de ce point de vue-là.
Troisièmement, elle a appris énormément comme comédienne.
Elle a boosté sa confiance en elle.

Maintenant, sa décision brutale de démissionner a eu un inconvénient majeur pour elle.
Elle n’a pas touché le chômage, elle a refusé d’être soutenue financièrement par son compagnon.
Donc, elle a passé les six premiers mois de sa vie de comédienne rongée par l’inquiétude de savoir comment elle allait vivre de son nouveau métier.

Six mois plus tard, un ancien collègue croisé par hasard lui a proposé une mission de conseil comme freelance.
Elle a accepté et aujourd’hui, elle passe la moitié de son temps en mission de conseil et la moitié de son temps sur son activité d’actrice.
Et comme les missions de conseil en freelance sont rémunérées le double de ce que gagnerait une consultante salariée, les revenus annuels d’Ambre sont équivalents à ceux que gagnent aujourd’hui ses anciens collègues.

Samuel, de consultant à chef de choeur

Autre exemple de décisions prises pour ne pas avoir de regret et qui s’est avéré peu optimale, mon propre passage du conseil au métier de chef de chœur.
Je travaillais à l’époque chez Enercoop, une coopérative qui fournit de l’électricité renouvelable.

J’hésitais entre poursuivre dans le secteur énergie-climat, devenir consultant auprès d’organisations privées et commencer une carrière de musicien.
J’ai fait une retraite d’une semaine pour maturer la décision et j’ai décidé à l’issue de cette semaine de tenter de devenir musicien.
J’ai annoncé la nouvelle une semaine plus tard au comité de direction d’Enercoop et j’ai entamé des études de chant dans deux conservatoires et de direction de chœur dans deux autres.

Comme Ambre, je me suis demandé presque chaque minute de chaque jour comment je vais me rémunérer.
Ma décision a été non-optimale pour deux raisons.
La première, c’est que si j’avais regardé les aspects financiers de façon plus spécifique, si je m’étais renseigné auprès davantage de personnes, j’aurais pu demander à travailler à trois cinquièmes, ce qui aurait tout à fait été acceptable pour une coopérative comme Enercoop.
Deuxièmement, la décision que j’ai réellement prise était : « Suis ton intuition et voit alors à quoi ta vie ressemble. » Ce que j’appelais intuition à l’époque, c’était le fait que pendant les quatre premiers jours de ma retraite, je n’ai pensé qu’à la musique.
Or, je n’avais pas collecté suffisamment d’informations pour me visualiser dans le métier de chef de chœur.

Je me suis aperçu par la suite que je me voyais pas nécessairement passer mon temps à diriger des chœurs amateurs ou des chœurs de conservatoire, ni à diriger mon propre ensemble professionnel.
Je sentais que j’avais besoin d’exercer un métier qui soit encore plus profondément utile que celui de chef de chœur.
Ce qui m’a conduit au coaching.
Vous venez donc de voir deux exemples de décisions qui auraient pu être amendée pour favoriser une transition plus sereine.

Je vais maintenant vous proposer quelques clés pour améliorer votre propre décision de reconversion.

Clé n°1 : Se renseigner sur le quotidien du métier.

Avant de vous reconvertir dans un autre métier, assurez-vous que vous vous voyez faire concrètement ce métier.
Pour voir concrètement à quoi il ressemble, vous pouvez faire une ou plusieurs journées d’observation, un stage, etc.
Par exemple, j’ai eu l’opportunité de faire un stage comme chanteur sur une production d’opéra pendant trois semaines.
Je me suis aperçu que j’accrochais assez peu avec les autres chanteurs et chanteuses.
J’avais davantage d’affinités avec les élèves des classes de direction de chœur.
J’ai aussi eu confirmation que le métier de chef de chœur a une dimension plus analytique, plus intellectuelle.
Une dimension qui, honnêtement, aurait manqué si j’avais été uniquement chanteur.
Au moment de m’inscrire aux concours d’entrée de différents conservatoires européens, j’ai donc décidé de ne me présenter qu’aux classes de direction de chœur.
Renseignez-vous également sur les aspects financiers.
J’ai commis l’erreur de me dire : « Je me lance, j’ai un an d’économie devant moi, je reviendrai dans le conseil si je n’y arrive pas. » Alors, ce n’est pas entièrement une erreur.
J’avais bel et bien une porte de sortie possible.
Simplement, si j’avais eu davantage d’informations sur ce qu’il est possible de gagner comme chef de chœur et après combien d’années, j’aurais probablement choisi de conserver une activité de conseil par ailleurs.
J’ai également découvert, en rentrant dans le milieu musical, que beaucoup de musiciens et de musiciennes bénéficient d’une forme de soutien financier, par exemple, un conjoint qui a un travail stable et rémunérateur, ou bien un héritage qui assure une forme de sécurité en cas d’année difficile.
J’ai même tout simplement pris conscience que pour les élèves autour de moi, qui pour la plupart bénéficiaient du soutien financier partiel ou total de leurs parents, les études étaient plus simples que pour moi qui me posait en permanence la question de comment gagner de l’argent? Avant de décider, vérifiez donc que vous savez comment vous allez gagner de l’argent et combien vous allez en gagner.

Clé n°2 : Vous reconvertiriez-vous même si personne d’autre ne le savait ?

Posez-vous la question : “Vous reconvertiriez-vous même si personne d’autre ne le savait ?”

Cette question vise à identifier si votre souhait de reconversion peut être lié à une envie de donner une certaine image de vous-même.
Par exemple une envie de paraître courageux ou courageuse, ou une envie de renvoyer l’image d’une personne qui ose prendre sa vie en main.
Soyons clair, nous sommes des animaux sociaux et nous avons toutes et tous envie de projeter une image positive auprès de notre entourage et il n’y a aucun mal à cela.

Simplement, si c’est là votre principale motivation, si sans elle, vous ne feriez pas de reconversion, alors vous risquez de vous retrouver dans une situation délicate comme l’une de mes clientes.
Elle avait fait une grande école, du conseil et elle a changé de voie pour intégrer un cabinet d’avocats international.
Elle était très fière d’avoir intégré ce cabinet qui lui donne une image d’une personne qui réussit et a un salaire confortable, ce qui n’est pas rien.
Il se trouve que les cabinets d’avocats sont constitués de spécialistes techniques et que ces personnes ne l’inspirent pas plus que ça.
Son métier consiste à rendre un avis juridique précis et pertinent.
Or, elle, elle aspire à avoir davantage d’impact et à être au contact de personnes qui transforment le monde.
Aujourd’hui, après des années à dire à son entourage que son job est trop cool et qu’elle s’y éclate, elle a peur d’avouer qu’en fait, elle s’y ennuie.

Je vous invite donc à vous poser la question.
Si personne ne savait que vous allez effectuer une reconversion, est-ce que vous aurez toujours envie de la faire ? Imaginez-vous dans ce métier comme si c’était normal et naturel pour tout le monde que vous y soyez.
Comme si vous sortiez d’études en lien avec ce métier.
Est-ce que cette perspective vous donne toujours de l’énergie ? Parce que concrètement, c’est ça qui va se passer.

Alors oui, les premières semaines, certaines personnes vont vous dire : « C’est très courageux ce que vous faites. » Maintenant au quotidien, les personnes autour de vous ne vous feront pas de cadeau particulier.
Vous allez apprendre un nouveau métier avec certes des acquis venant de vos précédentes expériences professionnelles, mais aussi beaucoup de choses nouvelles à apprendre et que probablement, pour la grande majorité d’entre elles, vous ne soupçonnez pas encore.
Lorsque je me suis reconverti dans la direction de chœur, j’ai repris des études en conservatoire à 30 ans avec autour de moi des personnes de, globalement, 17 à 25 ans.
Heureusement, j’aime découvrir des compositeurs, j’aime utiliser l’expression corporelle.
J’aime absorber les traits de comportement qui véhiculent du charisme et du leadership, j’aime transformer une partition écrite en musique vivante et qui transmet de l’émotion.
Clairement, si je n’avais pas aimé ça, je n’aurais pas du tout eu l’énergie nécessaire pour étudier, pour progresser et pour me donner des opportunités de diriger.

Et vous? Est-ce que vous vous reconvertiriez si tout le monde autour de vous trouvait ça naturel et normal ? 

Clé n°3 : Vérifiez que vous ressentez de l’énergie, de la détermination et de la sérénité.

Lorsqu’une personne a déterminé son projet professionnel, je vérifie que je la sens énergisée, déterminée et sereine lorsqu’elle parle de son projet.
L’énergie et la détermination m’indique que la personne à un projet professionnel qui correspond à ses envies profondes.
La sérénité m’indique que la personne a pris le temps de se donner une vision suffisamment précise de ce vers quoi elle souhaite aller.
Qu’elle a fait le tour de ses peurs et qu’elle a identifié les potentiels obstacles à son projet et des façons de les contourner.
En d’autres termes, sa sérénité m’indique qu’elle est suffisamment informé et que son plan d’action et solide.

Je ne dis pas que vous devez avoir une réponse à 100 % des questions avant de vous lancer.
Je vous conseille en revanche d’avoir répondu à celles des questions pour lesquelles vous pouvez collecter une réponse en déployant des moyens raisonnables.
Il nous restera toujours quelques questions auxquelles vous ne pourrez répondre qu’en vous lançant.
Comme par exemple, est-ce que cette activité va continuer à me plaire si je la pratique tous les jours pendant les 5, 10, 30 prochaines années ? Ou encore pour les personnes qui envisagent de lancer leur activité, est-ce que mon activité va vraiment décoller ? Lorsqu’il ne vous restera plus que ce type de questions, alors vous pouvez vous lancer.

Clé n°4 : Vous pouvez vous reconvertir progressivement

Avancer par petits pas vous permet de vivre progressivement les expériences dont vous avez besoin pour vérifier que cette reconversion est la bonne pour vous.

Avant même d’envisager de me lancer à temps plein dans des études de musiques, j’avais déjà fait des petits pas.
Je prenais des cours de chant, j’ai chanté dans des chœurs amateurs, puis semi-professionnel, j’ai assuré des prestations comme soliste, puis j’ai eu envie de démarrer un blogue technique vocale, aularynxlibere.com, j’ai fait ce fameux stage d’opéra, j’ai participé comme choriste à l’examen de fin d’année de la classe de direction de chœur du Conservatoire du 9ème à Paris.

Donc, si vous envisagez une reconversion dans l’artisanat, vous pouvez par exemple faire un stage d’une demi journée, puis d’une semaine, puis vous former, puis exercer comme salarié, puis ensuite seulement investir dans votre propre matériel.
Toutes ces étapes vous permettront de vérifier progressivement si ce métier vous convient effectivement et vous pourrez au besoin, revenir dans votre métier précédent avant d’avoir engagé des frais financiers trop importants.

Résumons les quatre clés que nous venons de voir.
Vous voulez vous reconvertir pour ne pas avoir de regrets ? Alors, ma proposition pour vous est la suivante : poussez suffisamment loin votre démarche d’introspection et d’exploration de votre nouveau métier pour ne pas regretter ensuite de ne pas l’avoir fait !